la « star ac’ » fera bientôt son marché au conservatoire

Cette année, treize élèves âgés de 16 à 30 ans aborderont au conservatoire Maurice-Ravel de Levallois-Perret (92) une formation en classe de variété. Au programme : Claude François, Tété, Bécaud, Camille… Ceci avec l’approbation du directeur de l’établissement et des hautes sphères d’incompétences qui gravitent autour de lui. Mais ce n’est qu’un exemple. Ici et ailleurs, on assure, évidemment, que le cadre sera strict et rigoureux, et que la « Star Ac’ », qui faisait son marché dans les écoles privées, pourrait bien le faire au conservatoire, d’autant que l’État encourage vivement les établissements subventionnés à un tel revirement. Il y a même des directeurs qui pensent, dans leur grande naïveté, que la variété amènera les élèves aux répertoires classiques. C’est vraiment de la méconnaissance de leur métier et tout simplement de l’imbécilité. Et, revoilà posé le problème des moutons incapables de penser par eux-mêmes, qui courent sans cesse derrière l’actualité, celle de la loi du plus grand nombre, en délaissant encore un peu plus la base indispensable qu'apporte la musique classique, seule authentique pédagogie formatrice dont les poubelles se remplissent.

Mais où sont donc passés les directeurs et les professeurs qui auront le courage et la lucidité de défendre, contre vents et marées, cette musique de base, celle que l’on dit classique et qu’ils ont pour mission d’enseigner ? Le règne de la lâcheté est définitivement installé. Ils veulent, en tant que moutons obéissants, plaire à leurs élus, qui eux ne pensent qu’à plaire à leurs administrés. Ils n’ont pas le courage de se révolter et de montrer à la face du monde qu’on les entraîne de force sur les chemins de la médiocrité et qu'on approche de la fin de leur profession méprisée.

Ce n’est que lorsque leur compétence aura suffisamment été humiliée, que, peut-être, ils prendront conscience qu’ils sont devenus des larves et qu’il serait temps de se redresser